🌉 Comment Les Inégalités Sociales Portent Atteinte À La Cohésion Sociale
Leniveau de protection sociale est fortement lié à la cohésion sociale, ainsi qu'au niveau de développement économique et social. En effet, on observe une corrélation très forte entre le niveau de développement et de conditions de vie dans une société et son niveau de protection sociale. Une population employée, mieux soignée et mieux éduquée est plus liée et plus
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Pourréduire ces dernières et assurer qu’elles ne compromettent pas la cohésion sociale, l’État représente l’instrument privilégié, voire indispensable. Lui seul peut redistribuer les ressources grâce à la fiscalité et aux transferts, mais aussi grâce à sa capacité de régulation du marché.
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Depuisle début des années 1990, le thème de la cohésion sociale est devenu omniprésent dans le vocabulaire politique de l’action des gouvernements. Il n’est question que d’œuvrer à son renforcement dans des sociétés qui se trouveraient menacées d’éclatement du fait d’une mondialisation qui affaiblit les attaches sociales des individus et les expose à l’insécurité
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Lajustice consiste à réduire les inégalités entre les positions sociales, entre les riches et les pauvres, grâce à l’impôt progressif, aux droits sociaux, à la redistribution sociale, à l’État providence, aux services publics Entre les années 1900 et les années 1980, cette conception de la justice défendue par les syndicats et les gauches a sensiblement réduit les
1Alors que l’ensemble des pays occidentaux a connu au cours des cinquante dernières années une très nette amélioration de l’état de santé de sa population, qui se traduit par exemple par l’allongement de l’espérance de vie ou le recul de certaines maladies, tous les individus n’en profitent pas également. Quels que soient les maladies, les populations ou les indicateurs considérés, on observe de grandes différences entre groupes sociaux. 2La plus marquante de ces inégalités est sans doute celle devant la mort. L’âge du décès est en effet lié à la fois au revenu, au diplôme et à la catégorie socioprofessionnelle à 35 ans, un ouvrier masculin a une espérance de vie inférieure de 7 ans à celle d’un cadre masculin [Monteil et Robert-Bobée, 2005]. La différence est de 3 ans pour les femmes. Ces disparités se retrouvent dans les différents facteurs de morbidité, c’est-à-dire dans l’ensemble des maladies – cancers et maladies cardio-vasculaires notamment –, tout comme dans la santé perçue c’est-à-dire jugée par les personnes elles-mêmes, et dans les accidents ou les handicaps, plus fréquents chez les plus pauvres. 3Parce qu’il s’agit d’un phénomène complexe à approcher, cet article tentera de faire une synthèse des études et des enjeux liés aux inégalités sociales devant la santé en se penchant plus particulièrement sur trois aspects. Il montrera d’abord que les inégalités de santé pèsent sur ceux qui ont la plus mauvaise situation économique et décrira la situation en matière de santé des personnes les plus pauvres. Puis il s’attachera à mettre en évidence le caractère véritablement clivant du milieu social à travers un exemple, celui de l’obésité. Enfin, il se penchera sur une des causes de ces inégalités sociales les différences de recours aux santé des plus défavorisés4Au-delà des différences en termes de mortalité, les inégalités de santé se manifestent par le fait que la probabilité de développer certaines maladies est inégalement répartie. L’enquête Santé réalisée en 2003 par l’Insee auprès de 40 000 personnes a ainsi montré que les individus vivant en dessous du seuil de pauvreté 1 sont plus nombreux à déclarer certaines pathologies, comme les maladies de l’appareil digestif et des troubles mentaux et du comportement. C’est en matière de problèmes dentaires que l’inégalité est la plus manifeste 11 % des pauvres souffrent de caries contre 6 % du reste de la population. Ils sont par ailleurs un peu plus nombreux à avoir une prothèse amovible ou un dentier, mais beaucoup moins à avoir une prothèse fixe de type couronne ou bridge 20 % contre 32 %, en raison du coût élevé de ces soins. 5Les pauvres sont également légèrement plus nombreux à souffrir d’asthme et à avoir des maladies infectieuses comme les bronchites ou la grippe ; ils déclarent plus souvent souffrir de maux de tête ; ils sont un peu plus nombreux 14,4 % contre 12,8 % pour le reste de la population à avoir connu au moins une hospitalisation au cours de l’année précédent l’enquête. 6Les inégalités face à la santé apparaissent de manière précoce les enfants des familles pauvres sont, comme leurs parents, en moins bonne santé. C’est à nouveau particulièrement vrai pour les problèmes de dents 6 % des enfants appartenant à un ménage pauvre ont des caries contre seulement 2 % des autres enfants. Le fait que ce soit précisément pour des soins onéreux, les soins dentaires, que les écarts sont les plus grands, pour les adultes comme les enfants, souligne l’importance des coûts dans la compréhension des pratiques de santé. 7Les inégalités de santé ne se limitent pas à la situation des plus pauvres. La probabilité de développer des pathologies diminue, pour la plupart d’entre elles, au fur et à mesure qu’on monte dans la hiérarchie sociale. Un des exemples les plus significatifs de ce phénomène est la situation vis-à-vis de l’ social et santé l’exemple de l’obésité8Suite à la très forte croissance en France de sa prévalence c’est-à-dire du nombre de personnes touchées depuis les années 1990, l’obésité constitue aujourd’hui un enjeu majeur de santé publique. Du point de vue médical, la prise de poids provient principalement d’un déséquilibre entre les apports alimentaires et les dépenses énergétiques, c’est-à-dire entre les calories qu’un individu ingère et celles qu’il dépense par son activité physique. Même si des facteurs génétiques entrent en jeu, la place des facteurs sociaux et environnementaux est déterminante. 9En 2003, 15 % des personnes sans diplôme ou ayant au plus le brevet des collèges étaient obèses en France, contre 5 % seulement des diplômés du supérieur. L’écart de 10 points a doublé entre 1981 et 2003, et il recouvre de fortes inégalités entre catégories socioprofessionnelles. C’est chez les agriculteurs que la proportion de personnes obèses est la plus élevée 16 % ; viennent ensuite les ouvriers 13 %, les artisans, commerçants et chefs d’entreprise 11 %, les employés 11 %, les professions intermédiaires 8 % et enfin les cadres et professions intellectuelles supérieures 6 %. Ces écarts ont tendance à se creuser. 10Les inégalités se retrouvent lorsque l’on fait porter l’analyse sur les niveaux de vie, mais les situations sont en réalité très différentes selon le genre les inégalités sont surtout marquées chez les femmes. La prévalence de l’obésité dans le premier quartile chez les 25 % des individus les moins riches est de 10 % pour les hommes et de 13 % pour les femmes, alors qu’elle est respectivement de 9 % et 6 % dans le dernier quartile 25 % des individus les plus riches. 11D’où ces différences proviennent-elles ? La première piste d’explication est celle des modes de vie, et en particulier des conditions de travail et de l’usage professionnel qui est fait du de vie et inégalités de santé12Le travail est en cause dans près d’un problème de santé sur cinq, et dans près d’un sur deux pour certaines affections comme les maux de dos ou de cou [Waltisperger, 2004]. La nature des tâches, l’exposition à des nuisances ou à des pollutions, les positions et les mouvements nécessaires à l’activité, notamment dans les professions les plus physiques, contribuent pour beaucoup à ces problèmes de santé. Les conditions de travail plus pénibles valent aux ouvriers de subir une double peine » [Cambois et al., 2008] non seulement leur espérance de vie est moins importante que celle des cadres, mais ils passent plus de temps qu’eux à souffrir d’incapacités et de handicaps. 13Par ailleurs, les situations précaires, en particulier le passage par des périodes de chômage, ont des conséquences sur la santé, qui rendent plus difficile encore le retour à l’emploi. Les risques de dépression sont accrus par une longue période de chômage ou des périodes de chômage récurrentes [Leroux et Morin, 2006]. De manière plus générale, on a observé en Europe que l’augmentation du taux de chômage s’accompagnait d’une détérioration de la santé publique, et notamment d’une augmentation des taux de mortalité une dizaine d’années plus tard [Brenner, 2002]. 14L’état de santé est aussi le fruit du mode de vie de l’individu et du groupe auquel il appartient. Nombreuses sont les pratiques, notamment corporelles, qui sont différenciées socialement. Les ouvriers fument en moyenne plus souvent que les cadres, les hommes plus que les femmes, les chômeurs plus que les actifs [Aliaga, 2001]. Si un cadre achète en moyenne 1,9 fois plus de medicaments prescrits qu’un ouvrier non qualifié [Auvrey et al., 2003], ce n’est pas seulement pour des raisons économiques, mais aussi parce qu’il n’a pas le même rapport à son corps. Les professions dans lesquelles le corps a un rôle plus instrumental tendent à survaloriser les capacités physiques et à être moins sensibles à la douleur ou à la fatigue [Boltanski, 1971]. Les inégalités face à la santé viennent ainsi également de différences de représentation, qui peuvent conduire les plus pauvres à moins s’intéresser à leur corps et à leur différences de recours aux soins15Les personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté consultent moins souvent 18 % d’entre elles n’ont pas consulté de médecin généraliste en 2003 contre 15 % du reste de la population. L’écart se creuse pour les consultations de médecins spécialistes la moitié des pauvres n’ont pas consulté de spécialiste en 2003, alors que ce n’est le cas que de 39 % du reste de la population. 16Les plus pauvres sont par ailleurs moins nombreux à recourir à des pratiques de dépistage et de prévention. C’est le cas aussi bien pour les mammographies, que pour les frottis gynécologiques ou les recherches de sang dans les selles, qui permettent respectivement de détecter le cancer du sein, du col de l’utérus et du colon. En 2003, 34 % femmes de 40 ans et plus appartenant à des ménages pauvres n’avaient jamais effectué de mammographie, contre 19 % des autres femmes de plus de 40 ans. Constat identique pour les tests de dépistage de l’hépatite C et du VIH en 2003, 27 % des individus en dessous du seuil de pauvreté avaient déjà effectué un test de dépistage du VIH contre 36 % du reste de la population. Ces différences dans les pratiques de prévention sont essentielles, car elles risquent de continuer à creuser l’écart entre les plus défavorisés et le reste de la population. 17S’il existe bien des différences de rapport au corps et aux soins entre groupes sociaux, la contrainte financière qui pèse sur les plus pauvres est également pour beaucoup dans les inégalités de santé. 22 % des individus pauvres n’ont pas de complémentaire santé CMU complémentaire comprise alors que ce n’est le cas que de 7 % du reste de la population. Le recours aux soins revient plus cher à ces individus non couverts puisqu’ils ne sont remboursés que sur la base de la Sécurité sociale santé est l’une des dimensions de la vie pour lesquelles il existe encore aujourd’hui de fortes inégalités sociales dont certaines, comme c’est le cas pour l’obésité, ont tendance à s’accroître. Conséquences des inégalités économiques et sociales, les inégalités de santé contribuent en retour à accroître les difficultés des plus défavorisés. Une personne qui occupe un emploi a ainsi beaucoup plus de risques de devenir chômeur ou inactif si elle a des problèmes de santé [Jusot et al., 2007] le risque est multiplié par 4 pour les personnes souffrant d’une affection de longue durée et par 1,5 pour les personnes atteintes d’une maladie incapacitante. Le risque de chômage est, quant à lui, deux fois plus élevé chez les personnes qui jugent être en mauvaise santé que chez celles qui se déclarent en bonne santé. Les inégalités de santé sont ainsi à la fois produites par et productrices des inégalités économiques et C. 2001, Le tabac vingt ans d’usage et de consommation », Insee Première, n° 808, ligneBoltanski L. 1971, Les usages sociaux du corps », Revue Annales Économie Société Histoire, n°26, p. 205– M. H. 2002, Unemployment and public health in the European Union », Final Report to the European Commission, Directorate-General for Employment and Social Affairs, European Commission. En ligneCambois E., Laborde C., Robine 2008, La double peine » des ouvriers plus d’années d’incapacité au sein d’une vie plus courte », Population et sociétés, n°441, F., Khlat M., Rochereau T., Sermet C. 2007, Un mauvais état de santé accroît fortement le risque de devenir chômeur ou inactif », Questions d’économie de la santé, n° 125, I. et Morin T. 2006, Facteurs de risques et épisodes dépressifs en population générale », Études et résultats, n°545, C., Robert-Bobée I. 2005, Les différences sociales de mortalité en augmentation chez les hommes, stables chez les femmes », Insee Première, n° 1025, D. 2004, Le travail est rendu responsable d’un problème de santé sur cinq », Premières informations et premières synthèses, n° Dares.
Lerapport des conflits sociaux à la cohésion sociale : On peut maintenant s’atteler à l’analyse de ce que sont les conflits sociaux dans leur rapport à la cohésion sociale. Il s’agira dans un premier temps de poser le problème du rapport paradoxal entre cohésion sociale et conflits sociaux, puis nous montrerons une deuxième fois
La science n’est autre chose que la conscience portée à son plus haut point de clartéÉmile Durkheim, De la division du travail social 1La prise en compte des liens sociaux dans l’étude de la santé des populations constitue un champ de recherche relativement bien établi depuis plus d’une trentaine d’années. Les relations sociales, qu’elles empruntent la forme de réseaux de soutien, de proximité, d’affinité, de participation sociale, ou de mobilisation sont reconnues pour jouer un rôle potentiellement protecteur contre les effets néfastes des stresseurs de l’environnement social ainsi qu’un rôle positif d’adaptation, de solidarité et d’intégration sociale. Cependant, la recherche a, conceptuellement et méthodologiquement, évolué par diverses voies depuis les études pionnières de Durkheim sur le suicide et la cohésion sociale, en passant par le soutien social durant les années 1960-1970, les réseaux sociaux et plus récemment, le capital social. Devant le constat de l’accroissement des inégalités de santé mis en évidence par moult études, les chercheurs se sont attardés avec plus d’attention sur le rôle des déterminants sociaux de la santé. Les questions relatives aux inégalités, aux clivages et aux fractures sociales, autrement dit, au phénomène général de la cohésion des sociétés, ont occupé l’avant-scène de la recherche académique en santé des dernières années. 2Dans ce chapitre nous examinerons dans un premier temps les bases théoriques sur lesquelles prend appui la recherche en santé, principalement dans les travaux de Durkheim sur la solidarité sociale. Puis, nous ferons un bref survol des thèses qui ont plus récemment contribué à élaborer le concept de capital social ainsi que les débats qu’il soulève conceptuellement et méthodologiquement. Enfin nous nous pencherons sur son utilisation dans le domaine de la santé. Durkheim la solidarité sociale 3L’apport le plus considérable de Durkheim à la sociologie est sans aucun doute la formulation des règles de méthode propres au raisonnement sociologique. Les faits sociaux sont extérieurs aux individus et doivent être expliqués par un autre fait social L’origine première de tout processus social de quelque importance doit être recherchée dans la constitution du milieu social interne » Durkheim, 1894, p. 65 Les faits sociaux se produisent au niveau de la société en ayant une existence propre, indépendante de ses manifestations individuelles et s’imposent aux individus en vertu d’un pouvoir de coercition. Témoin privilégié des désordres sociaux découlant de l’industrialisation massive des sociétés de son temps, Durkheim cherche à comprendre les facteurs de la cohésion sociale. À travers sa célèbre étude sur le suicide, Durkheim démontre que les taux de suicide, un phénomène relevant apparemment de la psychologie individuelle, varient considérablement en fonction des milieux sociaux. Le suicide est analysé comme un fait social relié à d’autres facteurs sociaux la religion, le sexe, l’état matrimonial, l’environnement social. D’autres analystes de la même époque, dont Friedrich Engels, décrivent avec force la situation du prolétariat industriel en Angleterre et constate que des milliers d’ouvriers sont exposés à une mort prématurée et anormale ». La maladie est donc un fait social dans sa nature même, dans ses causes, dans sa propagation et la médecine, comme le soutenait à cette époque Rudolf Virchow, n’a d’autre choix que d’être politique Si la médecine veut vraiment remplir sa grande tâche, elle sera obligée d’intervenir dans la vie politique et sociale, elle doit dénoncer les obstacles qui empêchent l’épanouissement normal des processus vitaux » Sournia, 1992, p. 234. 1 Durkheim rappelle que c’est Adam Smith qui fut le premier théoricien du concept de division du tra ... 4La majorité des chercheurs en santé qui s’intéressent aux relations entre liens sociaux et santé réfèrent principalement à l’étude sur le Suicide, comme base théorique. Mais c’est dans l’ouvrage De la division du travail social que Durkheim explore le plus globalement la question des liens sociaux et de la cohésion des sociétés. Pourvu d’une excellente connaissance générale, des sciences naturelles et s’inspirant du fonctionnement des organismes vivants, Durkheim cherche à comprendre la société de la même manière, c’est-à-dire comme un système complexe dynamique formé d’organes ou entités qui interagissent localement et simultanément. Un organisme vivant est généralement défini en tant qu’être organisé capable de se maintenir en vie, de se développer selon une certaine organisation, de se reproduire et de trouver un environnement favorable qui lui permette de survivre. Si depuis ce temps, la comparaison avec les organismes vivants n’a pas retenu l’intérêt des sociologues contemporains, elle mérite, à l’heure des études interdisciplinaires et des systèmes complexes, d’être à nouveau considérée. Que nous enseigne-t-il ? Tout d’abord La loi de la division du travail s’applique aux organismes vivants comme aux sociétés, en même temps qu’elle est une loi de la nature, elle est une règle morale de la conduite humaine » p. 38. Si les économistes furent les premiers à conceptualiser la notion de division du travail1, Durkheim la considère comme un phénomène sociologique en raison de l’effet moral qu’elle produit, à savoir créer entre deux ou plusieurs personnes un sentiment de solidarité », ce qui en fait une condition essentielle de l’existence des sociétés et de leur cohésion. Pour clarifier cette hypothèse, il applique les règles de méthodes sociologiques en catégorisant les différentes espèces de solidarité sociale et en comparant leur variation entre différentes sociétés. Le droit, en tant qu’outil de régulation des sociétés, lui apparaît pouvoir refléter les variétés essentielles de la solidarité sociale. Les règles juridiques nécessitent d’être classées d’après leurs sanctions répressives dans le cadre du droit pénal, restitutives lorsqu’il s’agit de rétablir des rapports problématiques à leur forme normale droit civil, commercial, administratif, etc.. À ces deux grandes catégories des systèmes juridiques correspondra deux formes de solidarité sociale. 5Le crime, poursuit Durkheim, constitue une rupture du lien de solidarité parce qu’il représente un manquement très grave à la morale collective. En fait, le crime n’existe que parce qu’il est collectivement réprouvé. C’est qu’une conscience collective commune s’oppose à certains faits, dit-il Le crime n’est pas seulement la lésion d’intérêts même graves, c’est une offense contre une autorité en quelque sorte transcendante. Or, expérimentalement, il n’y a pas de force morale supérieure à l’individu, sauf la force collective » p. 67. Dans les sociétés traditionnelles, explique Durkheim, le droit, étant religieux, est presque exclusivement répressif. Il ressort de cette conscience collective commune ou psyché collective, un type de solidarité que Durkheim appelle solidarité mécanique ou par similitudes ». Ce type de solidarité implique que les individus se ressemblent, partagent les mêmes valeurs, que les comportements et les activités humaines soient faiblement différenciées et spécialisées. La tradition produit les normes et la culture du groupe. Le collectif absorbe l’individu. 6En évoluant, les sociétés deviennent plus volumineuses, se densifient et s’individualisent d’où le nécessaire processus de différenciation et de spécialisation de l’activité humaine. La division du travail donne naissance à de nouveaux groupes sociaux, ainsi qu’à des règles juridiques et morales qui déterminent la nature et les rapports des fonctions divisées, à un droit coopératif. Dans ce processus, les rapports sociaux deviennent plus interdépendants, et affranchissent les individus du joug collectif. Durkheim nomme organique » la solidarité qui est due à la division du travail. Ainsi La vie sociale résulte d’une double source, la similitude des consciences et la division du travail. L’individu est socialisé dans le premier cas, parce que, n’ayant pas d’individualité propre, il se confond, ainsi que ses semblables, au sein d’un même type collectif ; dans le second, parce que, tout en ayant une physionomie et une activité personnelles qui le distinguent des autres, il dépend d’eux dans la mesure même ou il s’en distingue, et par conséquent de la société qui résulte de leur union. p. 205 La division du travail 7Pour Durkheim, la division du travail touche toute la vie sociale et désigne le processus de différenciation par lequel se distinguent les unes des autres les fonctions sociales religieuses, juridiques, économiques, politiques… d’une part et d’autre part, la division technique des opérations de production. 8Si au départ, la différenciation est surtout liée à des circonstances locales particularité ethniques, climatériques, etc., à mesure que les frontières premières s’atténuent, un équilibre se rompt. Les individus ne sont plus contenus dans leurs lieux d’origine, de nouveaux espaces libres les attirent, les populations se mélangent, les différences originelles se perdent, les villes se développent, deviennent les foyers du progrès, affaiblissant du coup les traditions. Plus le milieu social s’étend, plus la conscience collective devient abstraite et générale, plus elle laisse place aux variations individuelles. Les pressions de plus en plus fortes exercées par les unités sociales les unes sur les autres les obligent à se développer dans des sens de plus en plus divergents, produisant ainsi la division du travail et des fonctions. 9La fonction première de la division du travail, poursuit Durkheim, est de permettre une vie sociale dans les conditions toujours renouvelées d’existence qui sont faites aux individus. Pour que la division du travail évolue et puisqu’elle unit en même temps qu’elle oppose ; qu’elle fait converger les activités qu’elle différencie », il est nécessaire que les individus adhèrent les uns aux autres. Pour cela, il faut que les individus entre lesquels la lutte s’engage soient déjà solidaires, ce qui présuppose l’existence de liens moraux. Ce processus de division et de spécialisation n’est pas seulement dû aux circonstances extérieures plus variées, mais surtout, précise-t-il, parce que la lutte pour la survie devient toujours plus vive et plus exigeante. La spécialisation des tâches est une lutte incessante et les problèmes qu’elle engendre ne peuvent être résolus que par une division du travail toujours plus développée. Tel est, selon Durkheim, le moteur du progrès ». 10Suivant l’analogie des organismes vivants, le milieu humain est le plus complexe de tous les milieux. La spécialisation des fonctions sociales est un processus continu, qui ne peut jamais être définitif. Parce que leur grande complexité les maintient dans un état d’instabilité, les états complexes, se décomposent facilement. Plus les activités se spécialisent, plus elles se complexifient et plus les aptitudes se développent, plus elles se transmettent par l’hérédité difficilement. C’est leur état d’indétermination qui rend les organismes aptes au changement sous l’influence de différentes circonstances. 11Par souci de démonstration formelle, Durkheim examine l’antithèse ou les formes anormales » de la division du travail, celles qui ne produisent pas de solidarité et ne favorisent pas l’intégration. Le crime organisé vient tout de suite à l’esprit, mais précise-t-il, il ne s’agit pas de division du travail mais plutôt, à l’image d’un cancer, d’une prolifération anarchique de cellules sans qu’il n’y ait spécialisation nouvelle des fonctions biologiques. Les crises industrielles, les faillites qui deviennent plus nombreuses à mesure que le travail se divise sont des ruptures partielles de la solidarité organique. Elles indiquent une transition dans le processus de division du travail où les luttes sont plus vives que la solidarité. Les conditions nouvelles de la vie industrielle réclament une organisation nouvelle mais comme ces transformations s’accomplissent rapidement, les intérêts en conflits n’ont pas le temps de s’équilibrer, créant l’état d’anomie. La cohésion devient plus instable et a besoin d’être consolidée par d’autres moyens d’où la nécessité de réglementations nouvelles qui se font toujours à tâtons. 12Enfin, la division du travail prend une forme anormale lorsqu’elle est contrainte par l’antagonisme du travail et du capital et des inégalités de classes qui s’ensuivent, bien qu’en même temps, elle en accroît la conscience. C’est qu’elle crée entre les fonctions divisées tout un système de droits et de devoirs qui lient les uns aux autres d’une manière durable, exacerbant la conscience des inégalités. Rendant plus conscients les individus de leurs rôles dans la division du travail, elle crée le besoin d’une répartition juste et équitable des fonctions et des tâches. De même les similitudes sociales donnent naissance à un droit et une morale qui les protègent, de même la division du travail donne naissance à des règles qui assurent le concours pacifique et régulier des fonctions divisées. Durkheim ajoute qu’il ne suffit pas qu’il y ait des règles, il faut que celles-ci soient justes et pour cela il faut que les conditions extérieures de la concurrence soient égales. La société se divise en tentant de réduire les inégalités en réglementant, en assistant ceux qui se trouvent placés dans des situations désavantageuses et en les aidant à s’en sortir. La tâche des sociétés les plus avancées est donc, pour Durkheim, une œuvre de justice. L’idéal des sociétés traditionnelles était de créer une vie commune aussi intense que possible, le nôtre est de mettre toujours plus d’équité dans nos rapports sociaux, afin d’assurer le libre déploiement de toutes les forces socialement utiles, même si la justice en cours d’évolution apparaît imparfaite » p. 127. 13Lorsque des changements profonds se produisent très rapidement et en peu de temps dans la structure des sociétés, des états de crise s’ensuivent. La morale qui correspond à ce type social régresse sans qu’une nouvelle n’ait eu le temps de prendre forme.» Pour faire cesser cette anomie, il faut trouver les moyens de faire concourir harmoniquement ces organes qui se heurtent encore à des mouvements discordants, c’est introduire dans leur rapport plus de justice en atténuant de plus en plus ces inégalités extérieures qui sont la source du mal » p. 143. 14Bien que la critique académique lui ait conféré un certain conservatisme en raison d’une vision de la société stable et reposant sur le consensus normatif », en réinterprétant aujourd’hui son travail à la lumière des théories de la complexité, nous pouvons considérer que Durkheim préfigurait, bien avant l’heure d’une analyse dynamique des sociétés, qu’il a étudié comme des systèmes complexes et intégrés. Loin de nier les inégalités sociales, les conflits des groupes d’intérêts, les luttes interprofessionnelles, les conflits de pouvoir, il constate que les sociétés organisées tendent à les réduire et que l’effort de tous finit par converger vers cet idéal de justice et d’équité, parce que le mouvement même de la division du travail accroît la conscience des positions que chacun occupe, elle divise et unit. Pour Durkheim, une société organisée est forcément une société morale. L’altruisme plus que l’égoïsme règlerait les conduites humaines et serait à la base de la civilisation. 15Cette étude sur la solidarité sociale et des ses formes différentes selon la morphologie sociale demeure extrêmement riche pour l’analyse actuelle des liens sociaux dans le contexte de la mondialisation, de la vie qu se concentre toujours plus dans les méga cités, de l’accroissement des communications et des échanges à l’échelle de la planète. La société en réseaux et nouvelle forme de solidarité 16Les changements morphologiques ou structurels, comme l’a démontré Durkheim dans son étude sur la division du travail et la spécialisation des tâches, induisent des effets sur les liens sociaux. Les liens de solidarité survivent aux transformations sociales liées à l’urbanisation et à l’industrialisation mais ils relèvent davantage des interdépendances entre individus et groupes sociaux la solidarité devient organique. Dans les sociétés actuelles, complexes et informationnelles, la division du travail est encore plus accentuée et spécialisée, s’exerce à l’échelle du monde et les liens sociaux toujours plus interdépendants, se tissent à travers les réseaux, à l’enseigne des systèmes d’information dynamiques où un nombre accru d’individus communiquent davantage entre eux. L’organisation réticulaire permettant d’agir à plusieurs niveaux simultanément et dans un espace se jouant des frontières traditionnelles, constitue la forme adaptée des sociétés complexes qui permet aux individus de résoudre les problèmes de l’action sociale et l’atteinte de divers objectifs. On pourrait avancer le concept de solidarité réticulaire pour correspondre au type de sociétés mondialisées. 17Les réseaux, selon Castells 1998, constitueraient la nouvelle morphologie sociale des sociétés contemporaines qui détermine largement les processus de production, d’expérience, de pouvoir et de culture » p. 575. Bien que les réseaux sociaux aient existé de tout temps, Castells voit dans le paradigme informationnel dont les technologies de l’information en constituent la base matérielle une extension de la logique de mise en réseau à toute la structure sociale. Castells définit les réseaux comme des structures ouvertes, susceptibles de s’étendre à l’infini, intégrant des nœuds nouveaux en tant qu’ils sont capables de communiquer au sein du réseau, autrement dit qu’ils partagent les mêmes codes de communication par exemple des valeurs ou des objectifs de résultat » p. 577. Les réseaux sont vus comme des structures dynamiques fonctionnant généralement sous forme d’alliances peu hiérarchisées. Un réseau social, selon la même perspective, est un maillage de relations sociales plus ou moins denses qui génèrent et partagent des ressources nécessaires à la mobilisation des membres constituants. La forme du réseau détermine son efficience. Ainsi, comme l’a démontré Granovettor 1973 l’un des pionniers de la théorie sociale des réseaux, plus un réseau est ouvert avec de nombreux liens faibles, plus il est susceptible de donner accès à davantage de ressources qu’un réseau plus petit aux liens serrés. Le réseau permet de déterminer le capital social des acteurs sociaux. 18Les courants de modernisation de nombreux États s’inscrivent dans ce mouvement d’adaptation à la nouvelle morphologie sociale. Innovation, décentralisation, ententes multipartites et intersectorielles, concertation, gouvernance horizontale, mécanismes flexibles, réseautage, intégration, partenariat stratégique en constituent les principales composantes. C’est dans ce contexte qu’est entrée en vigueur au Canada, en 2002, la Politique sur les différents modes de prestations des services. Pour le Conseil du trésor, responsable de la politique, La prestation moderne de services axés sur les citoyens témoigne de l’interdépendance accrue des différents secteurs dans un environnement aussi complexe que varié » p. 2. Le capital social défini par les réseaux de relations et les ressources sociales 19La question de départ qui a conduit Durkheim a rédiger son ouvrage est celle de la solidarité sociale. Il cherche à comprendre comment les êtres humains maintiennent leurs liens de coopération tout en s’individualisant davantage, un paradoxe en soi. Le concept de capital social qui a émergé au cours des années 1980 tourne toujours autour de cette question fondamentale de la cohésion sociale et recoupe diverses dimensions telles que réseaux sociaux, normes de réciprocité, participation sociale, soutien social, confiance, accès aux ressources sociales. 20On attribue l’usage formel contemporain du concept et son développement théorique à Pierre Bourdieu, James Coleman et Robert Putnam. Sans revoir en détail cette littérature bien exposée ailleurs Portes, 1998 ; Woolcook, 1998, rappelons ici quelques éléments principaux du contenu qui s’en dégage. Pierre Bourdieu 1983 fut le premier à formuler une théorie des capitaux pouvant prendre différentes formes économique, culturel, social et symbolique. Il définit ainsi le concept de capital social le capital social comprend les ressources actuelles ou potentielles liées à la possession d’un réseau stable de relations plus ou moins institutionnalisées de connaissance et de reconnaissance mutuelles, autrement dit liées à l’appartenance à un groupe. » Bourdieu, 1986, cité en français par Lévesque et White, 1999, p. 27-28. Le capital social est instrumental en ce qu’il procure des ressources non accessibles autrement que par l’appartenance à un réseau social. Il s’est intéressé plus particulièrement aux mécanismes de sa reproduction et aux comportements stratégiques qui en sont caractéristiques, notamment chez les élites françaises. Du côté de la sociologie américaine, c’est James Coleman, un sociologue reconnu pour ses travaux sur l’éducation publique et comme le chef de file en sociologie de la théorie des choix rationnels qui a contribué à donner de la visibilité au concept, notamment dans son ouvrage Foundations of Social Theory 1990. Le capital social y est défini plus vaguement et comprend diverses composantes dont les normes de réciprocité les obligations et les attentes négociées par le niveau de confiance sociale, les réseaux d’information, les normes sociales et les sanctions effectives, les relations d’autorité et les organisations sociales, ayant pour fonction de faciliter l’action sociale consist of some aspect of social structure and they facilitate certain actions of actors within the structure. L’approche avancée par Coleman a été sévèrement critiquée par Portes 1998 pour son caractère trop hétérogène mais a néanmoins permis d’identifier certains des mécanismes générateurs de capital social. Nous y reviendrons. 2 [Les] caractéristiques de l’organisation sociale telles que la confiance, les normes et les rése ... 21D’autres auteurs ont contribué à forger le concept tels Glen Loury théorie économique sur les inégalités raciales, 1977, Mark Granovetter théorie des liens faibles, 1973 et Nam Lin théories des ressources, 1981. Mais c’est au politologue Robert Putnam que revient la popularité du concept ces dernières années. Dans le cadre d’une étude sur les différentes régions d’Italie, Putnam 1993 constate que la performance de l’économie et des institutions politiques de chacune d’elles, était tributaire du niveau d’engagement civique présent. Les travaux subséquents de Putnam Bowling alone, 1995 sur le capital social déclinant aux États-Unis ont attiré l’attention sur le concept. Pour lui, le capital social représente une ressource collective, fait de normes de réciprocité et de réseaux d’engagement civique, des aspects essentiels de la confiance sociale qui peuvent renforcer l’efficacité de la société2. Constatant le désengagement civique aux États-Unis une démocratie construite, selon A de Tocqueville, sur l’esprit et la pratique de l’association, il postule un déclin du capital social dont l’effet est l’affaiblissement des indicateurs de santé, de bien-être, de prospérité et d’éducation Putnam, 2000. Cette définition du capital social, davantage centrée sur la fonction du capital social, a souvent été reprise dans de nombreuses études empiriques. 22Des réserves et des critiques ont été émis quant à la clarté conceptuelle, à sa mesure et à l’excès d’optimisme que le concept pouvait engendrer. Coleman 1990 a reconnu dès le départ que le capital social pouvait servir à des fins destructrices les groupes mafieux représentent une forme de capital social anti-social ». Portes 1998 a aussi relevé que les réseaux tissés serrés » peuvent avoir des pratiques ou des règles exclusives, discriminatoires et oppressives. Le capital social peut donc aussi produire des effets négatifs. Une critique plus sévère est venue souligner le caractère potentiellement tautologique du concept de capital social, défini par sa fonction. En effet, certaines recherches utilisant le concept ont parfois eu tendance à confondre le capital social lui-même à ses résultats Lin, 1995. Dans la même veine d’idée, Portes 1998 considère qu’il est important de distinguer les ressources en soi de la capacité à y accéder par l’appartenance à diverses structures sociales », une distinction explicite chez Bourdieu mais nébuleuse chez Coleman. L’analyse de Portes a contribué à faire ressortir les limites d’une approche où déterminants, sources et résultats du capital social peuvent être assimilés l’un à l’autre. 23Parmi les autres critiques du concept, on retrouve celle occultant le rôle des nouveaux mouvements sociaux, tels que les mouvements écologistes et féministes en se concentrant sur les formes classiques d’associations, tels que le taux de vote, l’appartenance à des associations bénévoles de bienfaisance ou à des clubs sportifs. On a également dénoncé le fait que le capital social pouvait servir de justification du retrait de l’État des sphères sociales Van Kemenade, 2003. En effet, puisqu’il est possible de retrouver certains niveaux élevés de capital social dans certains milieux pauvres et compte tenu des vertus sociales attribuées au capital social, le développement du capital social peut parfois apparaître non seulement comme une solution complémentaire aux coûteux programmes d’assistance sociale, mais aussi comme une solution de rechange. 24Comme toute science évolue par confrontation théorique, malgré sa popularité, le concept est encore fortement débattu à la fois au plan théorique, méthodologique et politique Fassin, 2003 ; PRP, 2003. Théoriquement en raison d’une définition par les effets, méthodologiquement pour sa diversité de contenu, politiquement pour son potentiel de transfert de responsabilité de l’état aux individus et l’occultation des déterminations structurelles. Plus récemment la perspective du capital social défini par les réseaux de relations sociales et les ressources contenues dans ces réseaux semble faire consensus PRP, 2003. 25Une avancée utile pour distinguer les sources et les effets du capital social fut la distinction entre trois formes de capital social affectif bonding, relationnel bridging et instrumental linking Woolcock, 2001 ; Frank, 2003. La première forme renvoie aux liens étroits tissés au sein de groupes homogènes aptes à offrir le soutien social et psychologique. La seconde, le capital social relationnel, est plus hétérogène et transversale. Cette forme de capital social facilite l’accès à différentes ressources et la diffusion de l’information. Elle inclut les liens faibles » identifiés par Granovetter 1970, qui peuvent parfois s’avérer plus utiles que les liens forts. Le capital social instrumental constituerait la catégorie verticale des interrelations, les relations entre différentes strates de richesse et de statut social permettant de tirer profit des ressources institutionnelles plus largement qu’au niveau du groupe restreint. 26Lévesque et White 1999 ont opéré la distinction entre les courants fonctionnaliste » et réticulaire » au sein des théories du capital social, une distinction nécessaire pour mieux comprendre de quoi est fait le capital social, comment il fonctionne et ce qu’il produit. L’approche proposée par Coleman et Putnam porte sur les moyens par lesquels le capital social représente un actif collectif, une définition du capital social par ses effets. L’impasse majeure imputée à cette approche est d’étendre trop longuement la liste d’éléments considérés comme des générateurs de capital social et d’obscurcir plus que d’éclairer sa compréhension et d’en limiter le pouvoir explicatif. Les approches du capital social basées sur les réseaux vont s’intéresser soit à la structure des réseaux, soit aux ressources qui y sont contenues ou encore à l’accessibilité des ressources via les réseaux Lévesque et White, 1999. Malgré que l’approche réticulaire ait aussi ses lacunes, certains la considérant trop restrictive, elle apparaît néanmoins plus claire et plus opérationnelle parce qu’elle permet de distinguer les formes du capital de ses effets, une règle de base de la méthode sociologique. Si le capital humain s’est révélé un concept solide en raison de composantes bien définies telles que les connaissances et les compétences, le capital social peut se révéler tout aussi productif si on lui donne une définition moins équivoque. 27L’approche par les réseaux de relations sociales différencie les ressources elles-mêmes de leur obtention et se penchent ainsi davantage sur la nature intrinsèque du capital social. Les thèses de Lin 1995 constituent un exemple de théorisation réticulaire. Il analyse le capital social sous l’angle de la théorie des ressources sociales qui cerne les actions conduites pour conserver ou acquérir de telles ressources. » Lin, 1995, p. 687. En identifiant la genèse du capital social, Lin permet une meilleure différenciation du capital social par rapport aux autres formes de capital culturel, économique, etc.. 28Ces développements théoriques constituent autant de précisions permettant de mieux appréhender le capital social et de faire une analyse plus fine de ses effets. Des développements semblables sont également survenus dans les modèles conceptuels visant la mesure du capital social, source d’autant de débats. Les indicateurs traditionnels » inspirés par les définitions proposées par Coleman 1990 et Putnam 1993 regroupent les mesures de confiance envers autrui et les institutions ; les normes de réciprocité ; l’engagement civique et communautaire ; la participation aux institutions politiques. Ces indicateurs ont donné lieu à de nombreuses extensions et interprétations si bien que de l’avis des experts qui s’y penchent, il est difficile de s’y retrouver. Cependant, dans le but de clarifier les multiples usages du capital social, Woolcock et Narayan 2000 dégagent quatre types d’analyse du capital social l’approche communautariste reposant sur l’activité associative dans une communauté, l’approche par les réseaux s’intéressant à leurs structures et contenu, l’approche institutionnelle examinant la vitalité des réseaux communautaires en relation avec l’environnement politique, juridique et institutionnel, l’approche synergique reconnaissant une action réciproque des réseaux et des institutions. 29Les études empiriques sur le capital social ont démontré leur pertinence dans trois ordres principaux de résultats le développement social, le développement économique et la santé. De nombreuses études empiriques ont conclu à un lien possible entre le capital social mesuré par la densité des liens et l’instruction, le bien-être des enfants, la délinquance, la vitalité des quartiers, la santé physique et psychologique, la satisfaction et la démocratie Healy et Côté, 2001 ; Helliwell, 2001. Capital social et inégalités de santé 30L’étude des liens sociaux, du capital social et de la santé mise sur deux grandes traditions de recherche. La première a émergé durant les années 1970 et porte sur la notion de réseaux de soutien social. La seconde fait son apparition durant les années 1990 et recourt au concept de capital social. Les deux traditions cependant cherchent à expliquer la mortalité et la morbidité différentielles. Réseaux de soutien social 31Le soutien social renvoie aux dimensions cognitives des relations sociales le bien-être qu’il procure. Les relations sociales sont vues comme des ressources relationnelles pouvant transmettre des ressources matérielles ou informationnelles aux personnes qui en ont besoin Lemieux, 1999 ; Lin, 1995. Les réseaux de soutien sont caractérisés par les échanges entre des personnes aidantes par exemple, des parents, des amis, des voisins, des bénévoles et des personnes aidées des personnes âgées, des malades, des personnes défavorisées sur le plan de différentes ressources. Les fonctions du soutien social sont instrumentales et expressives et apportent soit une aide émotionnelle empathie ; 2 une aide instrumentale et tangible ; 3 de l’information conseil, mentorat ; 4 de l’accompagnement ; 5 ou renforcent le sentiment d’appartenance et les liens de solidarité. 32Plusieurs études ont démontré que les réseaux de soutien social sont associés positivement au maintien de la santé, voire même à une espérance de vie prolongée. L’étude pionnière du comté d’Alameda aux États-Unis Berkman et Syme, 1979 a démontré à partir d’un suivi de neuf ans que les taux de mortalité étaient supérieurs chez les personnes dépourvues de liens sociaux familiaux, amicaux, ou communautaires. Les recherches qui ont suivi cette première étude House et al., 1982 ont renforcé les résultats dégagés de l’étude sur le comté d’Alameda, c’est-à-dire l’étroite relation entre les réseaux sociaux et les taux de mortalité. Les conclusions de ces études démontraient que les personnes n’ayant pas de réseau de soutien avaient une probabilité de mourir de deux à trois fois supérieure aux personnes possédant un tel réseau. 33Cette association a été mise en évidence à travers plusieurs études de population et pour plusieurs causes de maladies maladies ischémiques, cérébrovasculaires, circulatoires, les cancers, ainsi que les maladies respiratoires et gastro-intestinales Berkman, 1995. Les réseaux sociaux exercent aussi une influence positive sur les comportements préventifs dépistage du cancer, dialyse, arrêt du tabagisme, consommation d’alcool Berkman, 1995. La maladie physique et mentale peut aussi diminuer les capacités d’intégration sociale et accroître l’isolement, le soutien social pourrait ainsi contribuer à une meilleure adaptation. On sait également que les relations sociales ne sont pas toujours positives pour les individus et qu’elles peuvent être la source de stress et de morbidité, tels que les conflits familiaux ou les conflits au travail, ou encore l’influence négative des pairs dans la prise de risque chez les jeunes. 34Dans cette tradition de recherche, on retrouve l’indice de réseaux de soutien social développé par L. Berkman, qui mesure la quantité et la fréquence de l’appui offert par les réseaux de parents et d’amis quantité et fréquence, la participation sociale associative, communautaire, religieuse, charitable et le soutien social émotif et instrumental. Pionnière dans ce domaine, elle a largement contribué à circonscrire cette tradition de recherche Berkman, 2000. Au Canada, les enquêtes nationales de santé Santé Québec, ENSP, ESCC incluent différentes variables de réseaux sociaux réseau de parents, d’amis, de voisinage, fréquence des contacts, participation sociale, bénévolat, indice de soutien social, indice de cohérence sense of coherence. Récemment l’enquête sociale générale, ESG-cycle 17, a été consacrée à l’engagement social au Canada. Capital social 35Quant au concept de capital social qui a succédé aux études sur le soutien social, il s’est rapidement taillé une place importante dans l’agenda de la santé publique et des populations, en raison de son appropriation par l’épidémiologie sociale et de son potentiel explicatif des inégalités de santé. Comme nous l’avons mentionné précédemment, le concept a puisé à deux sources théoriques différentes, l’une définissant le capital social par le réseau de relations sociales donnant accès à des ressources, définition réticulaire instrumentale, et l’autre par les normes de réciprocité et de confiance, de participation sociale et civique améliorant l’efficacité collective et l’intégration sociale définition par la fonction. La perspective de recherche qui s’est imposée dans les études d’épidémiologie sociale associe le capital social au degré de cohésion sociale mesurée par la distribution des inégalités sociales et tout indicateur relié aux ruptures de liens dans une société criminalité, divorce et la présence de liens sociaux forts mesurés par le niveau de confiance et de réciprocité rendre service, la multiplicité des associations reliant les individus participation sociale et civique et leur relation avec la santé des populations. Le concept sert à définir certaines caractéristiques des relations dont le niveau de confiance et les normes de réciprocité qui viennent renforcer les liens sociaux dans les communautés et les sociétés Kawachi et Berkman, 2000. Les auteurs précisent cependant que si le capital social contribue à la cohésion sociale, il n’en est certes pas une condition suffisante. 36Wilkinson a été le premier à introduire le concept de capital social dans les études portant sur la santé 1996. Il avance l’idée que les sociétés plus égalitaires en termes de distribution du revenu et plus cohésives socialement ont une meilleure espérance de vie. Comparant différentes régions géographiques, l’Europe de l’Est, l’Angleterre, le Japon, la ville américaine de Rosetto, il en vient à la conclusion que plus grande est la cohésion sociale meilleure est la santé. Le concept gagne ensuite en importance dans les études épidémiologiques pour la compréhension du lien entre les inégalités sociales et les taux de mortalité. L’expression passer sous la peau » traduit l’effet des inégalités sociales en termes de morbidité et mortalité précoces. Les premières études de Wilkinson 1998 ont révélé une corrélation forte entre la mortalité et les inégalités de revenus. Putnam 2001 a également démontré que les indicateurs de santé sont meilleurs dans les états américains ayant un capital social plus élevé. Dans les pays scandinaves Hyppä et Mäki 2001 concluent que la minorité finlandaise de langue suédoise a une meilleure espérance de vie et que leur capital social y contribuerait. Lomas 1998 a mis en évidence l’importance des réseaux sociaux comparée à d’autres types d’intervention dans le domaine de la santé publique au Canada. Les communautés ayant un faible capital social présentent des niveaux de stress plus élevés, un taux d’isolement social plus grand, une moins grande capacité de répondre aux risques environnementaux, ou aux interventions de santé publique Szreter et Woolcoock, 2004. Une récente recension de la littérature examine la relation entre capital social et santé dans différents pays selon leur degré d’égalitarisme économique. Tenant compte des protocoles de recherche et des méthodologies, les résultats indiquent une association positive entre capital social et meilleure santé au niveau individuel. Au niveau contextuel, la relation serait moins frappante Islam et al., 2006 37Outre les indicateurs précités, Lochner et ses collègues 1999 ont examiné une série d’instruments de mesure, telle que la cohésion du quartier et la mesure d’efficacité collective de Bandura - définie comme un sentiment de compétence collective entre individus qui décident d’affecter, de coordonner et d’intégrer leurs ressources de façon efficace et concertée pour faire face à des situations spécifiques ». Tout récemment, dans le contexte de l’approche axée sur les réseaux », Van Der Gaag et Snijders ont produit un outil, le générateur de ressources » qui ne semble pas avoir encore servi aux études de santé. Cet outil de mesure du capital social questionne les répondants sur leur accès à diverses ressources et sur les types de liens qui leur permettent d’accéder à ces ressources connaissances, amis, membres de la famille. L’outil couvre quatre dimensions des ressources le prestige et l’éducation, les habiletés politiques et économiques, les habiletés sociales et le soutien social. Un tel outil s’avère prometteur pour dépasser les lacunes méthodologiques toujours apparentes dans la mesure du capital social. Récemment, une équipe de recherche a conduit une analyse secondaire à partir des données recueillies dans le cadre du cycle 17 de l’Enquête sociale générale ESG de 2003 Bouchard et al., 2006. L’étude démontre que les indicateurs de capital social les plus proches d’une approche réseau les réseaux de liens forts et les réseaux de liens avec les organisations sont associés de manière significative à l’état de santé perçu de trois sous-populations les aînés, les immigrants et les membres de ménages à faible revenu. 38Par quels mécanismes la cohésion sociale, définie par le degré d’équité sociale, peut-elle être reliée à la santé ? Les synthèses de recherche sociologique permettent de faire ressortir trois types d’explication une explication matérialiste, une explication psychosociale et une explication comportementale, liée aux styles de vie. 39L’explication matérialiste met en évidence la forte corrélation entre le revenu et la santé, autrement dit les personnes les plus dépourvues au niveau financier vont mourir plus précocement, vont connaître davantage de problèmes de santé physique et mentale que les personnes ayant les meilleurs revenus. Ce désavantage matériel affecte la santé à travers plusieurs mécanismes, dont le stress psychosocial, les styles de vie qui impliquent davantage de risques pour la santé fumer et boire avec excès, conduire en état d’ébriété, occuper un travail plus risqué et plus exigeant pour la santé, ne pas avoir accès aux bonnes ressources alimentaires, etc. et la désaffiliation » sociale. L’explication psychosociale de l’impact des inégalités met l’accent sur le stress engendré par le fait de vivre dans des conditions d’insuffisance et d’adversité ne pas avoir d’emploi, ne pas avoir assez d’argent pour finir le mois, ne pas pouvoir nourrir correctement ses enfants et ne pas satisfaire les besoins de base. À travers les voies du système neuroendocrinien et immunitaire, pareil stress finit par user prématurément et engendrer plus rapidement la maladie et le vieillissement Sapolski, 2005. L’explication reliée aux styles de vie mettra de l’avant que les comportements et les attitudes adoptées par des groupes d’individus le sont en fonction de leur environnement social, économique et culturel. Si le tabagisme ou l’alcoolisme est plus fréquent dans les classes sociales plus défavorisées, c’est que ces pratiques servent de résistance ou d’échappatoire aux conditions difficiles de vie. Les styles de vie, dans la perspective de Weber, s’ils sont adoptés par choix individuels les goûts alimentaires, le type de logement, de loisirs, l’apparence…, sont déterminés par les contextes sociaux qui, quant à eux, sont donnés par chance dimension structurelle telle que naître dans une famille riche donnant accès à un type de culture, de ressources, de manière d’être, de manger, etc. Cockerham, 2005 ; Frohlich, 2001. La position sociale, définie par le statut ou le prestige, le pouvoir social et économique de l’individu, exerce une influence prépondérante sur les styles de vie. La théorie des capitaux de Bourdieu et des styles de vie collectifs de Frohlich renforcent cette vision. Selon leurs expériences individuelles et collectives, les membres des groupes les plus désavantagés peuvent vivre une désaffiliation », c’est-à-dire une rupture partielle ou complète du lien social Castel, 1994. Cette désaffiliation se traduit par un épuisement des stocks de capital social où les individus mis à l’écart du lien social ne peuvent plus bénéficier des ressources accessibles par l’appartenance à des réseaux sociaux Vankemenade, et al., 2006. 40Il est important de considérer que ces trois ordres d’explication sont reliés, car la position sociale et l’accès aux ressources sont deux variables directement proportionnelles Bouchard, 2008. Afin d’unifier ces différentes théories, Nancy Krieger 2001 a proposé la théorie éco-sociale, une théorie qui vise à rendre compte de la complexité de la relation entre position et appartenance sociale et santé. Conclusion 41Depuis leur origine, les sciences sociales se penchent sur le problème de la vie en société, de la démocratie, de la justice sociale et de l’abolition des inégalités. Les théories, pour la majorité, convergent en ce sens. En raison de ses travaux pionniers sur la cohésion sociale et le suicide, Durkheim est la référence la plus citée dans le domaine d’étude des inégalités de santé. Mais, c’est dans la division du travail qu’il élabore les fondements théoriques de la solidarité sociale qui seront ultérieurement mis en application dans l’étude sur le suicide. La fonction principale de la division du travail et de la spécialisation des tâches est de produire de la solidarité sociale. Plus les populations se densifient et s’accroissent en volume, plus elles doivent, pour survivre aux conditions nouvelles, se différencier et s’individualiser. Ce processus n’est possible que si la force collective qui régulait les comportements laisse place à celle d’individus conscients du besoin qu’ils ont des uns des autres altruisme pour satisfaire différents besoins, donner sens à leurs actions et évoluer. Ce processus entraîne la division du travail, qui elle contribue à la création de règles et de droits pour réguler les fonctions divisées. La division du travail ainsi que les règles de droit qui l’accompagnent est un processus continu dynamique, qui se renouvelle constamment. Comme chaque individu y est engagé, il n’a donc pas le choix de mener ses luttes tout en étant solidaire, et de rechercher les règles contractuelles les plus justes possibles. Alors que la conscience collective forte des sociétés traditionnelles s’appuyait sur la croyance en un dieu, les sociétés complexes s’organisent autour d’un principe de justice. Plus les bouleversements sociaux sont rapides, plus la nouvelle régulation est difficile à établir. C’est dans ce contexte que la division du travail stagne, crée l’anomie et les pathologies sociales s’accroissent le suicide, le crime, la maladie, la mortalité précoce, etc. 42Comme la révolution industrielle a substantiellement transformé la morphologie sociale, la mondialisation intensive actuelle des échanges complexifie davantage l’organisation des sociétés. Suivant le raisonnement de Durkheim, les liens de solidarité subsisteraient aux changements mais prendraient une forme nouvelle. Selon Castells, les réseaux constituent la nouvelle morphologie sociale. Ceux-ci connectent les individus par delà les frontières traditionnellement établies de la famille, des classes sociales, de la région, du pays. Les réseaux constituent également les nouvelles formes d’action sociale, de coordination et de gouvernance qui en retour suscite une nouvelle organisation sociale. Dans cette dynamique où les groupes d’intérêts se multiplient, la lutte aux injustices, aux inégalités ne peut que s’intensifier. 43C’est dans cette ligne de pensée que se situe la recherche sur le capital social. Bien que le concept, comme on l’a vu, ne soit pas encore complètement établi au plan scientifique, il est suffisamment heuristique pour que la recherche se poursuive. Si au temps de Coleman, les ingrédients les réseaux, l’information, les normes de réciprocité, de sanctions et de contrôle social ont émergés, ainsi que la fonction faciliter l’action sociale et qu’au temps de Bourdieu, la définition du capital social s’était précisée dans le concept de réseau de relations sociales, il ne semble pas encore correspondre conceptuellement et méthodologiquement à la méthode durkheimienne, à savoir que tel fait social produit tel autre fait social. En poursuivant ce raisonnement, il est possible de dépasser cette limite et d’avancer que le capital social les réseaux est producteur de solidarité sociale chemin faisant, il contribue à la cohésion sociale, autrement dit à la santé globale d’une société plus juste. La division du travail et la spécialisation des tâches se poursuivent à travers les réseaux, symbole de la société contemporaine du savoir et de l’information. Réseaux communautaires, réseaux politiques, économiques s’entrelacent dans le but ultime de réaliser l’égalité des citoyens et des peuples. Le capital social est ainsi un élément fondamental de l’organisation des sociétés complexes et mondialisées et de l’atteinte des objectifs de justice sociale.
1– L’exigence de justice au fondement de la cohésion sociale Toute la thèse de Durkheim dans De la division du travail social (1893) porte sur les dimensions sociales qui viennent compléter la simple division du travail smithienne pour produire de la cohésion. Pour Durkheim, l’échange marchand ne peut seul le permettre et
L`Orient-Le Jour Comment les inégalités sociales et L'Orient-Le Jour Comment les inégalités sociales et spatiales ... À LA UNE ECLAIRAGE - SYRIE Comment les inégalités sociales et spatiales alimentent la révolte anti-Assad vendredi, novembre 25, 2011 Manifestation pro-Assad à Alep. "Damas est devenue trop puissante, et Bachar, fidèle à la politique paternelle de diviser pour régner, s'efforce de réactiver Alep pour concurrencer la capitale", explique Fabrice Balanche. SANA/HO/AFP "Le retournement de l'espace syrien" Fabrice Balanche, chercheur et spécialiste de la Syrie, décrypte la crise en cours. Dans un rapport publié récemment, Fabrice Balanche, directeur du Groupe de recherches et d'études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient, passe en revue les politiques socioéconomiques du parti Bass, au pouvoir depuis près de 50 ans en Syrie. Une étude qui permet de mettre en évidence les racines sociales de la fronde populaire qui menace, depuis plus de neuf mois, le régime et le clan Assad. "La Syrie est depuis plus de vingt ans dans une phase de transition économique lente et hésitante, écrit l'expert dans son document intitulé +Le retournement de l'espace syrien+. Il est pratiquement sûr que le pays ne reviendra plus à l'économie dirigiste des années 70-80, mais elle reste bridée par la bureaucratie et des oligopoles constitués autour de quelques caciques du régime, tel Rami Makhlouf", le cousin du président Bachar al-Assad. "Les ressources en hydrocarbures sont à peine suffisantes pour la consommation domestique, l'autosuffisance alimentaire est remise en cause par le manque d'eau, l'industrie syrienne n'est pas compétitive, le tourisme, présenté comme l'avenir de la Syrie, ne peut décoller en raison de la mainmise de quelques barons du régime et bien sûr de l'instabilité politique, explique le géographe français. Dans ce contexte économique et social, les déséquilibres territoriaux s'exacerbent". La "guerre" des classes Pour mieux comprendre ce phénomène, un retour dans le temps s'impose. Le 8 mars 1963, "un coup d'Etat militaire a porté à la tête du pays un groupe d'officiers 1 sur 4 25/11/11 1152 L'Orient-Le Jour Comment les inégalités sociales et spatiales ... baasistes dont la majorité est issue de la petite bourgeoisie rurale des provinces périphériques. La plupart d'entre eux appartiennent à des groupes de confessions minoritaires alaouite, druze, chrétien et ismaélite. Ils se sont emparés d'un pouvoir monopolisé depuis l'indépendance par la haute bourgeoisie qui possédait tout la richesse foncière, le grand commerce avec l'étranger et les industries naissantes. Aussi, ces secteurs économiques furent-ils la cible immédiate du nouveau régime, décidé à réduire le pouvoir des classes qu'ils jugeaient concurrent du leur". Dès son arrivée au pouvoir, le régime baasiste concentre donc ses efforts sur le monde rural, qui "représentait les trois quarts de la population syrienne", et lance un réforme agraire ambitieuse "les grands domaines agricoles sont démantelés et les terres distribuées aux paysans". La région côtière, fief de la communauté alaouite, est naturellement elle aussi favorisée. "L'Etat, au prétexte de sa vocation maritime, y implante plusieurs grandes entreprises, comptant encore aujourd'hui plus de 20% des emplois du secteur public industriel alors que la région rassemble moins de 10% de la population syrienne". Mais "dans tous les aménagements, les logiques clientélistes, communautaire et/ou politiques priment au détriment de la rationalité économique", note M. Balanche, auteur de "La région alaouite et le pouvoir syrien" Karthala, 2006. Selon lui, le succès fragile de la politique de développement du régime baasiste "s'achève sur un constat d'échec" dans les années 80, suite la crise économique provoquée par la chute de l'URSS, allié de la Syrie, et l'arrêt des aides financières des Etats arabes pétroliers. De 1973 à 1986, la Syrie recevait une aide annuelle comprise en 500 millions et 2 milliards de dollars, soit plus du quart de son PIB, des pétromonarchies du Golfe et cumulait plus de 10 milliards de dettes à l'égard de l'Union soviétique. Selon M. Balanche, la crise des années 80 a mis en évidence "l'absence de rentabilité économique d'un secteur public industriel, utilisé avant tout à des fins politiques." L'ouverture économique et ses conséquences Face au risque d'une explosion sociale inévitable – en raison notamment d'une démographie galopante -, Hafez al-Assad 1971-2000 décide de "libérer l'économie syrienne au début des années 90". Cette politique sera renforcée à l'arrivée de son fils Bachar, dix ans plus tard. "Depuis qu'il a succédé à son père, en juin 2000, Bachar al-Assad a donné un nouveau souffle au processus de libéralisation économique, souligne M. Balanche, mais là encore, sans remettre en cause les fondamentaux de la période précédente réforme agraire, secteur public industriel, administration pléthorique, etc. En revanche, il a interrompu la coûteuse politique de développement des régions périphériques". Résultat les migrations intérieures autour des quatre principales métropoles Alep, Hama, Homs et Damas reprennent. "Le flux migratoire majeur provient de la Djézireh nord-est, victime du désengagement de l'Etat et d'un exode rural massif, alors que dans les années 70-80, la région était un front pionnier très attractif", note le rapport. Selon l'économiste Samir Aïta, 300 000 emplois ont été détruits dans l'agriculture entre 2003 et 2007 "et le mouvement ne peut que s'accélérer, ajoute M. Balanche. L'agriculture n'est plus la priorité du régime, qui a besoin de l'eau agricole pour le développement des métropoles, de l'industrie et du secteur touristique". 2 sur 4 25/11/11 1152 L'Orient-Le Jour Comment les inégalités sociales et spatiales ... Le modèle damasquin La première ville à avoir bénéficié de ce retournement est la capitale syrienne, Damas. Selon le Bureau de l'investissement syrien, Damas concentre la moitié des investissements privés du pays, contre un cinquième pour Alep. Selon M. Balanche, c'est avec la politique d'ouverture économique, inaugurée en 1991 avec la loi numéro 10 censée favoriser les investissements étrangers, que la capitale syrienne a connu un tel succès. "La bourgeoisie damascène, bridée pendant trente ans par le régime baasiste, a immédiatement saisi les opportunités du nouveau contexte économique et de sa proximité géographique avec les autorités centrales", explique M. Balanche dans son document. Selon lui, le marché syrien a égament réussi à attirer quelques entreprises étrangères, en particulier dans l'agroalimentaire et la construction. "Cependant, ajoute-t-il, les conditions d'investissement, la rigueur du système d'embauche, héritée de la période socialiste, la quasi-obligation de prendre un représentant syrien proche du pouvoir et la corruption ambiante découragent les investisseurs." La loi numéro 10, toujours selon le spécialiste de la Syrie, a en fait été utilisée par des entrepreneurs syriens, dont certains vivaient à l'étranger, depuis les nationalisations des années 60 et 80, pour reprendre leur place dans l'économie nationale. "Elle a facilité la privatisation des monopoles publics par la nouvelle bourgeoisie d'affaires issue du régime, tel Rami Makhlouf", explique encore M. Balanche. "Diviser pour régner", l'exemple aleppin Mais le succès de Damas finit par inquiéter Bachar al-Assad, souligne l'expert. "Damas est devenue trop puissante, et Bachar, fidèle à la politique paternelle de diviser pour régner, s'efforce de réactiver Alep pour concurrencer la capitale, explique-t-il. L'activité économique de la ville s'est redressée dans les années 1990 et, jusqu'à la révolte syrienne, elle bénéficiait pleinement de l'accord de libre-échange avec la Turquie en 2005." "Cependant, note encore M. Balanche, l'ouverture économique n'a pas que des avantages, car les petites et moyennes entreprises aleppines souffrent de la concurrence des produits turcs et chinois. D'importantes faillites dans le textile ont eu lieu ces dernières années, l'agroalimentaire et la pharmacie résistant mieux grâce à la protection d'une législation rigoureuse". Un autre désavantage de la politique d'ouverture économique a été l'accroissement considérable des écarts de richesse en Syrie, provoquant une frustration au sein de la population. "La politique d'aménagement du territoire baasiste n'est pas parvenue à rééquilibrer durablement l'espace syrien, explique M. Balanche. Les villes portuaires de Lattaquié et Tartus capitalisent mal les bénéfices de leur fonction d'interface, en raison de la mainmise de l'asabiyya alaouite sur l'économie locale. Le réseau secondaire de petites et moyennes villes se dégrade avec le désengagement de l'Etat et la crise de l'agriculture. Le secteur privé ne parvient pas à développer leur potentiel en raison du poids de la bureaucratie et de la fermeture des sociétés locales malgré les incitations fiscales de l'Etat, notamment dans le quart nord-est." "L'espace de l'économie dirigiste et de la bureaucratie coexistent avec celui du libéralisme économique et de la mondialisation, souligne enfin l'expert, car le régime n'a pas effectué de rupture brutale avec le passé pour préserver les réseaux clientélistes qui le soutiennent". 3 sur 4 25/11/11 1152 L'Orient-Le Jour Comment les inégalités sociales et spatiales ... "Si le problème est social, la réponse, en revanche, est communautaire", conclut M. Balanche. "Le retournement de l'espace syrien ne pouvait que déstabiliser un régime qui tirait sa légitimité d'une construction spatiale opposée à celle qui s'impose aujourd'hui." Fabrice Balanche Directeur du Groupe de Recherches et d'Etudes sur la Méditerranée et le Moyen-Orient Maison de l'Orient et de la Méditerranée 4 sur 4 25/11/11 1152
Sachantque les inégalités menacent le développement socioéconomique à long terme et peuvent alimenter la violence, les maladies et la dégradation de l’environnement, l’Objectif de
Pour affronter les défis du moment, la société a besoin de cohésion sociale. Pourtant, celle-ci ne se décrète pas, elle est intimement liée au niveau d’équité observé dans l’enseignement. Article réservé aux abonnés Chef du service Société Publié le 9/01/2022 à 1553 Temps de lecture 6 min Sentiment de déclassement social, désaffiliation face aux piliers du système démocratique, absentéisme électoral, montée des populismes… D’un engrenage à l’autre, on observe un élargissement des fractures au sein de notre société. D’où l’intérêt porté aujourd’hui, tant par les chercheurs en sciences sociales que par des responsables politiques, au concept de cohésion sociale ». Pour faire simple, disons qu’on parle de cohésion sociale forte lorsque se développent des liens solides entre habitants d’un même quartier, d’une même ville, d’une même région… et que ces liens transcendent les différences entre classes sociales, entre générations, entre niveaux d’éducation. Cet article est réservé aux abonnés Avec cette offre, profitez de L’accès illimité à tous les articles, dossiers et reportages de la rédaction Le journal en version numérique Un confort de lecture avec publicité limitée Le fil info La Une Tous Voir tout le Fil info Aussi en Enseignement Rentrée académique le conseil de Valérie Glatigny aux étudiants La rentrée approche et la ministre de l’Enseignement supérieur adresse un message aux étudiants. Le mode d’emploi pour tout comprendre à la rentrée scolaire Rentrée scolaire 2022 voici tout ce qui change à partir du 29 août Enquête Le covid a fait bondir les secondes sessions en secondaire Par Eric Burgraff et Charlotte Hutin Rentrée scolaire voici les nouvelles règles qui entrent en vigueur Voir plus d'articles Allez au-delà de l'actualité Découvrez tous les changements Découvrir À la Une Le prix du diesel passe à nouveau la barre des 2 euros le litre Enquête Le covid a fait bondir les secondes sessions en secondaire Par Eric Burgraff et Charlotte Hutin Bruxelles ce qui change sur le réseau Stib à partir de la semaine prochaine Wallonie bientôt la fin de la tolérance pour les radars tronçons des routes régionales? carte interactive Gouvernement fédéral une rentrée politique sous le signe du budget Par Maxime Biermé et Martine Dubuisson Assassinat de la fille d’un idéologue proche de Poutine un groupe russe aurait revendiqué l’attaque références 5 facteurs qui font grimper le salaire Nouveau job faut-il mentir pour avoir un salaire plus élevé ? Lettre de démission du changement dès l’année prochaine Voir les articles de références références Tous les jobs Retour en haut du site Belgique Monde Économie Sports Culture Opinions Techno Sciences et santé So Soir Soirmag Images Le choix de la rédaction Dossiers Archives Rossel Rossel Advertising References Cinenews L'Echo SudInfo Metro Grenz Echo La Voix du Nord Vlan Rendez-vous En mémoire Sillon belge App Store Optimization Immovlan VLANSHOP
Commentles inégalités sociales peuvent fragiliser la cohésion sociale ? Or les inégalités sociales fragilisent les liens sociaux : - Elles nuisent à la participation de tous dans la vie sociale. - Elles créent dans la population un sentiment d'injustice sociale. => Elles portent atteinte à
Écrivain engagé sur la question des inégalités aux États-Unis, Joseph Stiglitz, né en 1943, fait partie de la mouvance des néo-keynésiens. Ces derniers s'opposent aux néolibéraux sur de nombreux points lutte contre l'inflation, déréglementation des marchés, politiques d'austérité, etc. Ils proposent en lieu et place de ces mesures peu concluantes une relance de l'économie par la demande, une meilleure répartition de la valeur ajoutée et surtout une intervention de l’État pour éviter les excès des institutions financières. Cela ne va pas sans une lutte contre les inégalités, qui font que 1 % des Américains se partagent plus de 40 % des richesses nationales constat aussi vérifiable en Europe.Parti ainsi du constat que trop d'inégalités ne profitent à personne, Joseph Stiglitz décortique la question dans son ouvrage à travers des critiques de l'idéologie néolibérale et des propositions de réformes. inégalités fabriquées et entretenues par le 1 %Stiglitz expose une situation des plus critiques il montre qu'une partie infime de la population peut détenir une part conséquente des richesses, et maintenir ses intérêts à tout prix, au détriment de la majorité. C'est le constat qu'il fait aux États-Unis les richesses ruissellent non pas du haut vers le bas, via la redistribution et une imposition progressive, mais du bas vers le haut ; les 1 % les plus riches vampirisent les ressources grâce à différents moyens par exemple, ils influencent les décisions du Congrès afin de ne jamais faire passer les amendements en faveur de plus de redistribution les candidats les plus progressistes sont systématiquement évincés par le lobbyisme. À la place, les libéraux-conservateurs placent leurs pions, sur la recommandation du 1 %, et entretiennent une croyance dangereuse leurs intérêts sont les intérêts des 99 % restants. Ainsi, les choses risquent difficilement de changer ; le pire étant que les classes populaires sont celles qui se mobilisent le moins pour aller voter, en pensant que la politique ne peut de toute façon rien pour eux. Ils subissent de fait une asymétrie d'informations car les plus riches, au contraire, sont bien conscients de leurs intérêts. De plus en plus, comme le rappelle l'auteur, le système politique glisse d'un principe une voix, un vote » à un dollar, un vote ». Ce triste constat n'est pas moins vrai dans notre pays comme le prouve le programme en faveur des plus riches du président E. les classes moyennes et populaires auraient beaucoup à dire en se manifestant leurs conditions de vie se dégradent tandis que les très hautes fortunes se multiplient, atteignant des sommets. En témoigne le coût faramineux de l'éducation aux États-Unis, dans un pays qui se prétend être le héraut de l'égalité des chances. En effet, les étudiants doivent contracter des prêts auprès de banques privées pour espérer poursuivre dans l'éducation supérieure, ce qui les endette sur des décennies. Ce système profite à ceux qui ont déjà des revenus conséquents, et entretient donc l'inégalité des chances sur le long terme. Malheureusement, l'élitisme reste fortement ancré dans un pays partant sur le principe que chaque homme est libre et égal aux autres, entretenant l'idée que la pauvreté est, finalement, une condition choisie. Cela fait que la protection sociale est minime et souvent inabordable pour les plus précaires. Si la situation française n'est pas tout à fait comparable, il ne faut nier le coût important de certaines formations écoles de commerce, écoles d'art... et leurs conséquences sur l'inégalité des le triste constat aux États-Unis qu'établit l'auteur est l'hégémonie de la pensée du 1 %. Celui-ci a tout intérêt à souhaiter une réduction de l'État, quitte à vanter la liberté totale des marchés qui ont plus d'une fois prouvé leur incapacité à s'autoréguler krach boursier de 1929, crise des subprimes de 2008.... Pour ce faire, les penseurs du néolibéralisme n'hésitent pas à brandir les échecs du communisme, peur particulièrement virulente dans un pays qui l'a combattu de longue date, n'ayant aucun scrupule à faire l'amalgame avec le socialisme. Ce mythe selon lequel il n'existe pas d'alternative au libéralisme est ensuite relayé par les organes de presse, que possèdent bien souvent les grands patrons du 1 %. Le moindre pas vers plus d'égalités soulève immédiatement un tollé chez eux, qui crient au communisme et à la désincitation de faire du profit et soutenir la croissance. Ces arguments caricaturaux sont utilisés par les libéraux contre B. Sanders aux USA, P. Iglesias en Espagne, J. Corbyn au Royaume-Uni, ou encore contre la France Insoumise en France. Pourtant, comme nous allons le voir, plus d'égalités profiteraient à mesures possibles pour limiter les inégalitésIl revient d'abord d'éclipser les doutes sur le mythe des inégalités. Certes, celles-ci ne peuvent disparaître et une égalité absolue serait absurde. Il n'en reste pas moins que les inégalités nuisent à la croissance et à la cohésion sociale. D'une part, les classes moyennes et précaires, qui représentent une majorité écrasante, sont les rouages de l'économie. Stimuler la consommation en augmentant leurs salaires produirait bien plus de richesses qu'augmenter le salaire des PDG – le problème n'étant pas les hauts salaires, mais le fait qu'ils sont multipliés alors même que la précarité se multiplie et que certains patrons licencient en même temps. Par exemple, Stiglitz a théorisé ce qu'on appelle le salaire d'efficience un salaire élevé motive les travailleurs à fournir une productivité maximale, là où la hausse du salaire patronal ne fait qu'augmenter le sentiment d'injustice dans une conjoncture difficile. D'autre part, trop d'inégalités effrite la cohésion sociale hausse de la criminalité, hausse du taux d'abstention, richesses monopolisées par une minorité qui rejette toute solidarité et œuvre pour contribuer toujours moins. On pourrait dire la même chose de la situation en France aux élections présidentielles, et encore davantage aux législatives, la participation des classes populaires est toujours plus ténue, ou contribue d'une poussée du Front second lieu, et contrairement à ce qu'en pense la doxa en place, l'État devrait plus que jamais assurer son rôle redistributeur. Tout d'abord en augmentant l'impôt sur les successions et en assurant la progressivité de l'impôt. Le manque à gagner représente plusieurs milliards de dollars – mais cet enseignement est aussi valable en Europe – et pourrait par exemple permettre de réinvestir dans l'éducation, la santé ou l'aide aux plus démunis. Par ailleurs, il devrait se montrer intransigeant envers les fraudes et pratiques vautours des banques, consistant à maximiser leurs profits en vendant des titres pourris aux ménages à bas revenus. C'est ce type de pratique qui a provoqué l'effondrement des titres à la veille de la crise de 2008, car ces titres ne valaient en fait rien. Le problème est que l'État indemnise systématiquement ces banques, ces dernières profitant de leur filet de sécurité car elles sont soit disant trop importantes pour faire faillite » too big to fail ». L'État, comme il l'a déjà fait par le passé, devrait laisser ces banques mourir pour envoyer un signal au monde dernier lieu, l'auteur expose une série de réformes urgentes pour améliorer la lutte contre les inégalités et exalter la croissance empêcher les sociétés financières de prendre des risques aux dépens des 99 % ; rendre les banques plus transparentes pour éviter qu'elles créent, selon l'expression de Warren Buffett, des armes financières de destruction massive » ; veiller à la concurrence bancaire pour empêcher les banques de trouver de nouveaux moyens de s'enrichir au détriment du consommateur et du commerçant ; limiter l'usure le prêt à des taux extrêmement élevés ; juguler les bonus qui encouragent la prise de risque ; et enfin, fermer les paradis fiscaux qui témoignent d'un refus de solidarité dans un contexte économique difficile pour tous. La France Insoumise le combat pour l'égalitéLes propositions du prix Nobel de l'économie se retrouvent donc assez largement dans le programme de la France Insoumise hausse des salaires et des pensions, mise au pas de la finance, création d'un véritable pôle public bancaire, lutte contre l'accumulation des richesses en instaurant un salaire maximum dans les entreprises 20 fois le salaire minimum de cette même entreprise, gratuité de l'enseignement universitaire et scolaire...L'égalité n'est pas donc simplement un mot ou une idée, c'est aussi un combat qui mérite d'être mené. Dans cette bataille pour le mieux-vivre, nous pouvons compter, entre-autre, sur les propositions de J. Stiglitz et sur la détermination des députés de la France Insoumise.
SOCIETELes inégalités nuisent gravement à la cohésion sociale Quand les inégalités sociales deviennent trop fortes, le sentiment d’appartenir à une même société risque-t-il de s’effriter ? Enquête en Belgique et dans le monde. Documents joints Les inégalités nuisent gravement à la cohésion sociale - pdf (PDF - 809.4 ko) Téléchargez l’analyse
18h29, le 11 mai 2017, modifié à 18h47, le 11 mai 2017 Certes, "l’espérance de vie des Français est élevée", et "la réduction de la mortalité se poursuit". Mais en décortiquant le rapport 2017 sur "L’État de la santé de la population en France", publié par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques Drees et l’agence Santé publique France, les inégalités sont le niveau social des Français, les statistiques du rapport varient fortement. En clair l’état global de santé des populations les plus défavorisées n’est pas le même que celui des classes conditions de travail ou encore environnement quotidien le cadre de vie des Français les plus pauvres touche directement leur état de de risque d’obésité pour les enfants d’ouvriers. Les données relevées en 2014 sur un panel d’enfants de CM2 montrent une corrélation entre situation socio-économique et risques de surpoids. 12,7% des enfants de cadres étaient en surpoids ou en obésité. C’est 20% pour les enfants d’employés, et le chiffre grimpe encore d’un point et demi pour les enfants d’ travail qui rend malade. Face aux maladies professionnelles, les ouvriers sont là-aussi défavorisés. Plus exposés à la pénibilité du travail et aux environnements polluants, ils tombent plus facilement malade à cause de leur travail. Les statistiques sont sans appel 72% des maladies professionnelles déclarées touchent des ouvriers. 23% seulement concernent des employés du régime général. Pour les maladies liées à l’amiante, dont le cancer du poumon, 92% des victimes travaillaient en tant qu’ Français les plus défavorisés sont aussi plus vulnérables face aux affections cardio-vasculaires la mortalité liée à ces pathologies est 50% plus importante que pour les classes vie plus longue pour les plus aisés ? Ces inégalités face aux différents troubles et pathologies qui touchent l’état de santé des Français induit un écart non négligeable entre les espérances de vie des différents groupes socio-économiques. A 35 ans, un cadre homme peut ainsi espérer vivre au moins six ans de plus qu’un ouvrier. C’est un peu plus de 3 ans pour une le rapport pointe des disparités territoriales. La mortalité prématurée est beaucoup plus importante en Outre-mer, avec 30% de décès avant 65 ans, contre 18,5% en métropole. Le nombre d’enfants mort-nés en Outre-mer représente plus du double des décès de nourrissons en France méthodologie ?Pour évaluer la santé des Français, la Drees se base sur plus de 200 indicateurs. Elle utilise plusieurs sources de données. Les statistiques d'état civil d'abord, avec les certificats de naissance et de décès, ces derniers indiquant les causes médicales de la mort. Les enquêteurs consultent également les registres de pathologies médicales, pour les cancers par exemple. Ils ont enfin recours à des enquêtes de santé au téléphone, où ils peuvent également se renseigner sur la situation socio-économique des personnes interrogées. Celle-ci est évaluée à l'échelle communale en fonction du revenu fiscal médian, du nombre de diplômés de niveau baccalauréat et plus, et de la part d'ouvriers et de chômeurs dans la tranche d'âge 15-64 ans. Ils s'informent aussi sur le mode de recours aux soins des Français, fréquence des hospitalisations, modes de remboursements. Des examens médicaux, cliniques et biologiques, sont par ailleurs réalisées sur un panel d'individus.
protectionsociale. Les inégalités se sont creusées dans la plupart des États membres, suscitant des inquiétudes à la fois pour la durabilité de la croissance et pour la cohésion sociale. Des préoccupations ont également été exprimées quant au caractère inclusif de la croissance. Lorsque le revenu produit dans un pays, mesuré par le PIB, croît plus rapidement que les
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Laperspective de recherche qui s’est imposée dans les études d’épidémiologie sociale associe le capital social au degré de cohésion sociale mesurée par la distribution des inégalités sociales et tout indicateur relié aux ruptures de liens dans une société (criminalité, divorce) et la présence de liens sociaux forts mesurés par le niveau de confiance et de réciprocité
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Dautre part, trop d'inégalités effrite la cohésion sociale : hausse de la criminalité, hausse du taux d'abstention, richesses monopolisées par une minorité qui rejette toute solidarité et œuvre
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Ellecontribue fortement à la cohésion sociale car les inégalités nourrissent la haine et le ressentiment entre les classes sociales notamment. Elles contribuent à un fort entre-soi au sein de ces classes et morcelle la nation.
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Lacohésion sociale, Fada N'Gourma. 28 likes. Vivre ensemble
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